Compte rendu d’écoute, écrit en concert (notes brutes, sans retouche : c’est pas du studio, c’est un concert)
Méta-musique. Discursif. Ou tout du moins analytique. Décomposition d’une (certaine) musique en ses éléments constitutifs. Sons nets. Lignes droites. Pleins et déliés réduits à leur état de nature, tels que comme qui dirait sortant des instruments seuls, voire de leurs matières mêmes – métal, bois ou peau – sans artifice et on aimerait presque dire sans art. Pourrait se résumer à un exercice stylistique, à jouissance intellectuelle exclusive. Et pourtant la sensation est là, et elle est même extrêmement claire. C’est pur. Ah, le grand petit mot qui fait partie de ceux qu’on n’a plus le droit de dire. Paraît qu’il ne peut qu’être connoté facho. C’est pur, c’est-à-dire sans mélange. Débarrassé de pas mal de cette mauvaise graisse qui sert de liant aux membres de la chapelle, qui les confit dans leurs usages communs, qui prolifère jusqu’à se constituer en académisme, ou en folklore c’est selon, et finit dans les cas ultimes par se substituer totalement à la musique – et alors on n’entend plus que tics de langage, clichés, syntagmes figés et ça va jusqu’aux formules de politesse (“Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’exquise modestie avec laquelle mes camarades et moi nous refusons aux soli, ce cliché du siècle passé”, est devenu, par exemple, un des clichés de cette musique-ci). Bref. La sensation, disais-je, est de pureté, de transparence. Simplicité d’écoute aussi jubilatoire et bête qu’avec un bon vieux rock’n’roll, si l’on veut bien. Mais (bien) vouloir, tout est là (Beckett). On se trouverait à l’endroit du cycle où la musique la plus savante (à l’émission ?) rejoindrait la plus instinctive et archaïque (à la réception ?), que cela ne m’étonnerait pas.
S.R.
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